Voici la vraie histoire du faux génie qui aurait empêché la construction d’un pont à Sassandra (Factchecking). C’était tout simplement un…

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L’histoire était simple et a fait peur à de nombreux enfants et adolescents de cette époque, devenus des quadragénaires ou des quinquagénaires. « Le génie qui empêchait les ingénieurs de construire le pont sur le fleuve Sassandra a été capturé ». D’autres légendes ajoutaient: « Les français veulent l’envoyer à Paris, mais les chefs du village s’opposent ». Et cela en rajoutait à la peur.

À l’époque, aucun article de presse sur le sujet, aucun reportage mentionnant une telle capture. Le »génie de Sassandra » de la fin des années 80 en Côte d’Ivoire était tout simplement un tableau d’art de la fin du 20e siècle, peint aux États-Unis par un américain du nom de Tom Ingham. Celui-ci est mort à la fin du siècle dernier, un peu dans l’anonymat.

Son tableau inspiré de l’art du gigantisme, représente un homme aux mensurations surdimensionnées, lié avec une corde solide. Il a pris soin de peindre d’autres objets autour du géant, laissant croire qu’il avait été capturé, peut-être par des matelots ou des pirates. Une aubaine pour celui qui allait l’utiliser plus tard, en Côte d’Ivoire, un siècle plus tard.

Comment en est-on arrivé à la légende du génie du fleuve Sassandra ?

C’est parti d’un photographe qui a voulu se faire de l’argent et qui s’en est fait, sans nul doute. Il a juste photographié le tableau, soit directement dans un musée, soit après avoir tiré une copie de celle-ci. Il l’a faite en noir et blanc, en vogue à cette période et a construit une histoire autour : »Le génie qui empêchait les ingénieurs de construire le pont sur le fleuve Sassandra a été capturé ». L’autre mystère demeure, l’identité du photographe auteur du fake.

« Presque tous les foyers ivoiriens, vivant en ville, ont acheté cette photo ou ont cherché à l’avoir. C’était le plus gros buzz du 20e siècle en Côte d’Ivoire », se rappelle André Silver Konan, qui dit qu’il était un enfant et était effrayé par cette photo. Et manifestement, à cette époque où il n’y avait que la RTI pour informer, ainsi que les journaux du Parti Unique, le PDCI-RDA, la rumeur publique étant le plus grand média; l’histoire du génie différait d’un individu à l’autre

Arnaud Ouedraogo qui était à Dabou, s’en souvient : « il y a trente ans, un homme est venu vendre cette photo au village. Il disait: « voici la photo du génie de Grand Lahou que les ingénieurs ont réussi à capturer dans les eaux. Il renversait les machines et empêchait la réalisation du pont sur la route de la côtière en pleine construction. Tant qu’on ne le capturait pas, les travaux de la voie ne s’achèveraient jamais », raconte-t-il.

Le jeune avocat conclut que : « Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous vivons partout en Afrique une véritable crise de la nationalité. Nous avons désappris à poser la bonne question, tant nos têtes sont peuplées de faux dieux et de faux diables. Nous ne savons pas être des adeptes de la »théorie de la causalité adéquate » chère aux juristes civilistes.

source: Afriksoir.net