Ne pas piler, siffler ou balayer la nuit… Voici les origines de ces interdits

« Ne pas balayer la nuit »,  « ne pas siffler la nuit », « ne pas piler la nuit »… et tant d’autres interdictions rythment encore nos vies en Afrique. Sans vraiment comprendre le pourquoi, beaucoup d’entre nous s’appliquent encore à respecter scrupuleusement ses interdits. Nishamag a voulu creuser les origines et raisons de ces interdits.

Dans la réalité, nombreux sont  ces locataires qui s’enflamment contre certaines règles énoncées par les propriétaires et qu’ils jugent absurdes du fait des mythes qui les entourent. Pourquoi par exemple ne pas pouvoir tranquillement pilez son fufu la nuit (quand on n’a pas Fufumix) ?

Hunlédé Dédé Massogna dit (da Dédé) –qui le tient elle-même de son grand-père-  a expliqué à Nishamag que dans le temps, «19h, c’était déjà la nuit profonde. Comment peut-on donc se permettre de pilez son fufu pendant que les autres, fatigués, se reposent ? Il en va de même pour le balayage nocturne. Le ‘crass crass’ du balai est extrêmement dérangeant pour le sommeil. Donc c’est avant tout  la quiétude que les ancêtres visaient en instaurant ce que nous pouvons appeler les codes de bonnes conduites aujourd’hui». Pas de raison mystique donc ?

«En réalité, répond-elle, chaque ancêtre pour bâtir solidement sa maison, allait chercher protection auprès des divinités. Ces divinités, chacune à sa manière, imposaient des conditions, des interdits  qu’il ne fallait en aucun cas enfreindre au risque de s’attirer leur colère. Auquel cas, il fallait avoir recours aux cérémonies afin de conjurer le mauvais sort ».

Pour se libérer du joug de ces interdictions, souligne-t-elle, il faut construire sa propre maison en évitant de la mettre sous protection d’une divinité qui impose des interdictions.

Guillaume Hor, journaliste qui s’intéresse de très près aux relations entre le traditionalisme et le modernisme, estime pour sa part que l’emprise que ces interdits ont jusqu’à aujourd’hui s’explique par la nature même de l’Africain qui est foncièrement croyant.

Pas que Divin

« L’Africain de nature peut défier toutes autorités mais y réfléchira par deux fois avant de défier une autorité divine. C’est d’ailleurs pourquoi la royauté est placée sous le signe de la divinité. Donc tout ce qui émane de l’autorité divine, que ce soit Dieu au niveau du christianisme ou de l’animisme est scrupuleusement respecté.»

Mais, rappelle Da Dédé, tous les interdits ne sont pas que d’origine divine.  Ne pas laisser tomber violemment un seau, ne pas taper des assiettes les unes contre les autres etc,  … relèvent simplement des interdictions morales.

« Le bruit violent et brusque d’un seau peut faire faire un malaise à une personne ou pire le tuer si il fait une crise cardiaque par exemple », précise Da Dédé.

Ne pas manger la tourterelle chez les Bè, c’est également un interdit mais d’ordre historique. Cet oiseau aurait brouillé les pas des ancêtres Bè qui fuyaient la guerre. Donc en signe de reconnaissance il est interdit d’en manger. 

Rabson D

source: nishamag.com